La légion d’honneur pour son engagement en faveur des femmes : c’est Evelyne Sevin.

L’engagement et l’accompagnement sont certainement ce qui caractérise le mieux le parcours professionnel d’Evelyne. Centré sur l’humain, son angle d’action est parfois différent : qu’il soit juridique, psychologique ou coaching, Evelyne est toujours là pour donner à son expertise un relais.
Le Parcours d’Evelyne Sevin
- 1980 : Diplômée d’HEC après des études universitaires à Paris X Nanterre (Maîtrise de Sciences Economiques, Licence de Langues Etrangères Appliquées Anglais-Allemand)
- 1980 : Entre chez Arthur Andersen. Deux années fondatrices. Découvre sa vocation pour le conseil et rencontre son mari
- 1983 : MBA à l’INSEAD
- 1983 : Rejoint un cabinet de conseil en stratégie et organisation. S’immerge dans l’industrie française : la plasturgie, la sidérurgie, les poudres et explosifs, la machine outil. Ce sont les années de désindustrialisation et de plans de restriction.
- 1991 : Entre au bureau de Paris d’Egon Zehnder en qualité de spécialiste des medias, ainsi que de l’accompagnement de dirigeants dans l’industrie (télécoms, défense, énergie). Passionnée d’Executive Development, elle est coach certifiée en Psychologie Clinique des Organisations à l’INSEAD
- 1999 : Devient partner d’Egon Zehnder International
- 2001 : Fonde HEC au Féminin
- 2002 : Fonde Grandes Ecoles au Féminin et rassemble pour la première fois l’ensemble des diplômées des grandes écoles scientifiques et commerciales ainsi que celles de l’ENA
- 2005 : membre du Board Fondateur du ‘Women’s Forum for the Economy and Society’ (WFES), elle s’est tout particulièrement impliquée sur le développement du programme Rising Talent, jeunes femmes leaders de moins de 40 ans
- Juin 2010 : Elue membre du Conseil d’Administration, elle est Vice-Présidente de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale fondée en 1801
- 14 juillet 2015 : chevalier de la légion d’honneur pour son engagement en faveur des femmes
S’implique dans la candidature de la France aux Jeux Olympiques
Rejoint le Comité des Rémunérations du COJO Paris 2024 et celui de la Coupe du Monde de Rugby France 2023 - Décembre 2022 : nommée conseiller Prud’hommes à Paris collège employeur et section encadrement
Vous avez plusieurs casquettes : comment en arrive-t-on à faire tout cela ?
ES : Par curiosité et passion. C’est dans ma nature depuis très jeune. Je me suis longtemps ennuyée les dimanches ! J’ai toujours voulu avoir plusieurs vies. J’ai pris ma retraite pour pouvoir explorer de nouveaux domaines, continuer d’apprendre.
Mon parcours : c’est du conseil toute ma vie. Être consultant, cela veut dire jongler avec plusieurs balle et éviter qu’elles ne retombent par terre.
Le coaching, c’est la suite de mon activité chez Egon Zehnder où j’étais pendant 30 ans à faire du recrutement; j’étais associée au plan mondial. J’ai travaillé sur la formation de l’ensemble des consultants dans le monde pendant 15 ans, j’ai dirigé le développement professionnel.
Aujourd’hui, j’ai plusieurs cordes à mon arc :
• Un mandat d’administration depuis 10 ans : je suis vice-présidente de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Une société savante qui s’intéresse à la technologie, à la science et à l’industrie. C’est un mandat que j’ai fait grandir en le rendant plus opérationnel quand j’ai décidé de partir à la retraite. Aujourd’hui, je m’occupe de l’ensemble des conférences et publications.
• Un mandat sur les droits humains depuis 10 ans que j’ai commencé en parallèle de mon activité de consultante chez Egon Zehnder. Je suis membre du comité de Paris de Human Rights Watch.
• Ensuite, je suis dans le Comité des rémunérations des Jeux Olympiques et celui de la Coupe du Monde de Rugby : j’étais déjà membre quand on a candidaté pour les JO. Ils m’ont gardé et on a pris le même comité pour la Coupe du Monde de Rugby.
• J’ai été nommée en décembre 2022 comme conseiller Prud’hommes; cela vient à la suite de mes activités professionnelles. J’y pensais déjà il y a 3 ans mais en travaillant chez Zehnder, cela aurait été compliqué de juger des affaires parce que je suis collège employeur et section encadrement.
• Dernièrement, je me suis engagée dans une association : Les Psys du coeur. J’aide à la permanence pour recevoir des gens en grande difficulté psychologique. Je suis également Hypnothérapeute avec un domaine de prédilection: les addictions de toutes natures.
Dans votre longue carrière, à quelles difficultés avez-vous été confrontées en tant que femme ?
ES : Si je prends les 30 dernières années, il y en a eu quelques-unes.
D’abord, parce que je suis entrée dans une firme d’origine suisse allemande et culturellement la place des femmes était loin d’être acquise. J’étais la première femme recrutée en France et la 5eme dans le monde lorsque je suis recrutée en 1991 chez Egon Zehnder.
”Cela a été compliqué des deux côtés ! Il n’y avait pas de femmes executives”, nous dit Evelyne.
Je suis mariée et j’ai 3 filles, conjuguer la vie de famille avec des responsabilités à l’international ne fut pas aisé, surtout à une époque où il n’existait ni mail ni mobile.
Assez rapidement, je me suis engagée, puisqu’en 2001 j’ai créé Grandes Ecoles au féminin après avoir créé HEC au féminin et du coup, j’ai participé au Forum des femmes de Deauville (NDLR : Women’s Forum for the Economy and Society). J’ai essayé de faire avancer ces sujets, notamment en créant le Conseil de la Diversité au sein de la firme. Et depuis, il y a quasiment 50% de femmes qui ont été nommées partners récemment.
”J’ai créé tout cela, car cela m’a permis d’échanger, de monter des équipes de femmes et de s’entraider. Pour peser d’une certaine voix” insiste Evelyne notamment sur la parité dans les Conseils d’Administration.
Le but de Grandes Ecoles au feminin était de rassembler les écoles de commerce et d’ingénieur, ainsi que l’ENA et Sciences Po car, très tôt, j’ai été consciente qu’il y avait un sujet de role model au sein des Comex et des Conseils d’Administration. Également un manque cruel dans les responsabilités opérationnelles, dans la science et l’industrie. Beaucoup de femmes n’osaient pas ou étaient découragées. Mais c’était aussi pour développer de nouvelles idées sur la carrière, le travail , pour que cette association soit un laboratoire pouvant être utile pour les hommes : en faisant avancer les sujets de temps partiel, l’équilibre de vie, mais aussi d’exercice du pouvoir, bref essayer de se faire comprendre.
La première étude réalisée par Grandes Ecoles au feminin, c’était la place des femmes dans les Comités de direction des 200 premières entreprises françaises. A cette occasion, j’étais allée chercher Andersen Consulting parce que je n’avais pas les moyens de mener une étude d’une telle ampleur.
Il fallait trouver des solutions, donner des faits. Et surtout, ne pas donner de leçons : chacune fait ce qu’elle veut : il n’y a pas de linéarité. J’ai moi-même longtemps travaillé à temps partiel, on a tous un rythme différent.
”Tout le monde ne veut pas devenir CEO.”
Quelles étaient les grandes problématiques dans vos réunions ?
ES : Les grands classiques :
• Le syndrome de l’imposteur face à une promotion,
• Le fait de ne pas négocier sa rémunération, les inégalités salariales,
• Les congés maternités et le retour dans l’entreprise,
• Les critères d’évaluation : l’ambition ne n’exprime pas de la même manière chez les hommes et les femmes,
• Le travail de son réseau : la vision très négative qu’en ont les femmes,
• Comment mener une double carrière ?
• Comment faire avec une carrière morcelée après le suivi de son compagnon en Province, à l’international ?
Quels conseils donneriez-vous à une femme ?
ES : Mes conseils seraient les suivants :
- Le/la partenaire doit vraiment être dans la relation de partenariat.
Avec mon mari nous avons fait équipe .
- On peut tout avoir, mais pas toujours tout en même temps.
Le meilleur âge, c’est passé 45 ans. Les femmes peuvent de nouveau accélérer si elles ont eu des enfants, ou pas, selon si elles en veulent. Une des émanations formidables du Forum des femmes de Deauville, c’est d’avoir créé l’association Force Femmes, pour aider les femmes de 45+ à retrouver un travail pour celles qui avaient complètement quitté le monde du travail.
- Savoir ce qui vous porte et jusqu’où on veut aller. Rester curieux.
Pourquoi je dis ça ? Parce qu’on n’a pas forcément envie d’être le DRH monde ou le directeur financier d’une grosse boite avec la charge mentale qui l’accompagne et de résolution de problèmes. Et c’est très bien.
On peut s’investir dans beaucoup d’autres choses utiles pour la société.